12
RUE CARIOCA
Le
roman se déroule de 1906 à 1924.
A
l’aube de ce vingtième siècle, le Brésil est une véritable
poudrière. Deux évènements majeurs : l’avènement de la
démocratie et la fin de l’esclavage marquent cette période.
Filomena,
fille d’une esclave africaine et d’un fazendeiro est un des
personnages de ce roman qui se déroule au Brésil et à Marseille.
Elle doit s’exiler à Marseille après avoir commis un meurtre.
Elle emmène avec elle son arrière-petite-fille, Andréa.
P
15 « Filomena avait été brésilienne et le serait sans doute
restée, si le maître, par une nuit électrique où un vent chaud et
parfumé faisait frémir les plans de caféiers, n’était venu la
trouver dans le réduit où elle avait coutume de dormir. Ivre
d’alcool, le sang en feu, étranger à toute notion de péché, il
l’avait tout d’abord assommée d’une gifle retentissante et
avait aussitôt emprisonné sa bouche dans sa main en sueur pour
étouffer ses cris. Puis, il s’était affalé sur elle et, après
avoir arraché à l’aveuglette sa tunique, il avait pénétré sa
fille, d’un seul coup violent, avec la certitude imbécile et
virile du taureau qui monte la vache ».
A
Marseille se déroule en 1906 l’exposition universelle. La cité
phocéenne est en voie d’explosion : ressentiment envers les
premières vagues d’immigrés, conditions de vie déplorables du
prolétariat.
P
157 « Marseille était infestée d’Italiens comme un chien de
pauvre de puces ! Les Italiens étaient une race indigne,
malfaisante qui, sous des dehors débonnaires, n’ambitionnait que
de voler le travail des honnêtes Français. Et c’était le général
Boulanger en personne qui l’avait déclaré ! …… les
Italiens étaient des hommes de rien qui ne méritaient qu’une
chose : être tous entassés dans des cales de bateaux et, une
fois au large, être noyés, sans même prendre la peine d’un
procès. Tandis que Démosthène Farès, Syrien d’origine et
Marseillais depuis quarante ans désormais, c’était tout de même
autre chose !»
A
Rio de Janeiro, les bandes s’affrontent, défendant avec violence
leurs territoires respectifs et pratiquent la capoeira, synonyme de
démonstration de force et apanage des délinquants.
Ce
roman nous présente des changements importants : naissance du
cinéma, arrivée d’idéaux anarchistes venus d’Europe,
réflexions sur les droits bafoués des travailleurs et des
syndicats, premières luttes féministes, émergence de la samba,
déferlement du carnaval.
Le
centre historique de Rio sera reconstruit. La Petite Afrique,
quartier où habitaient les immigrés, descendants d’Africains
principalement, fut rayée de la carte. Leurs descendants constituent
aujourd’hui une partie de la population des favelas.
Deux
personnages, héros de Corcovado (suite de ce roman) vont naître et
grandir simultanément. A Marseille, Jean Dimare et à Rio, Zumbi.
But
du roman :
Une
fois encore l’auteur nous entraîne dans l’histoire du Brésil,
début vingtième cette fois.
Il
nous montre que les problèmes posés par l’immigration sont les
mêmes à Marseille ou à Rio et l’on se posera la question,
aujourd’hui très d’actualité, de savoir si un phénomène
d’immigration massive, mal accueilli, considéré comme une charge,
l’est toujours plusieurs dizaines d’années plus tard.
Au long de ce roman, comme
dans les précédents, on assiste à des vagues de déplacements
(contraints souvent du fait de deux phénomènes : esclavage et
situation économique) d’un pays à l’autre, d’un continent à
l’autre.
Claudine Jantet
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire