mardi 24 octobre 2017


                    En Guyane le livre doit devenir une priorité régionale 

Propositions du secteur Livre et Lecture

L’état et les institutions régionales, se doivent de créer les conditions les plus favorables à l’éclosion, au développement et au maintien des habitudes de lecture.


Reconnaître que la démocratie s’accommode mal de l’illettrisme et de l’analphabétisme qui concernent une partie non négligeable de la population guyanaise ; constater que le multiculturalisme de la Guyane est, de fait, bien mal représenté dans l’écrit ; enfin admettre que la chaîne du livre, peu soutenue si on la compare à d’autres activités (sportives notamment), a bien du mal à répondre à ces exigences, autant d’évidences qui perdurent en dépit des politiques menées. Il est important de :
·         reconnaître le livre et la lecture comme priorité régionale d’autant que la transversalité du livre irrigue l’ensemble des pratiques culturelles.
·         nourrir notre identité propre en suscitant des actions qui valorisent la littérature guyanaise sans nier celle des autres (en particulier celle de notre continent).
L’objectif poursuivi est donc de rendre le livre et la lecture accessibles à tous, de rapprocher les lecteurs des auteurs, y compris les publics éloignés de la lecture.
1.      Les publics
Sans recours à une évaluation fine des pratiques de lecture, il est patent qu’un certain nombre de guyanais n’ont pas ou peu accès au livre :
·         Les « tout-petits »
·         Les scolaires sortis du système
·         Les populations issues de l’immigration
·         Les quartiers défavorisés
·         Les retraités
·         Le public handicapé
·         Les malades
·         Les prisonniers
Des réponses appropriées doivent être apportées dans et hors de l’école, dans le cadre de la formation initiale et continue, à l’intérieur des structures où elles font défaut.
Pour faire face à des publics laissés pour compte, on doit imaginer un coût du livre à l’habitant qui tienne compte des spécificités multiculturelles de notre population, et qui reviendrait à définir un budget moyen pour chaque lieu documentaire et non pas un budget minimum selon le mauvais vouloir de l’exécutif, qu’il soit Président de région, Maire ou chef d’établissement.
2.      L’agence régionale du livre et de la lecture : Miti FRALL
Comment harmoniser des fonctionnements existants qui ont pour objectifs de soutenir le livre et la lecture (CTG, Rectorat, DAC, Miti FRALL…), sans ajouter au millefeuille une feuille supplémentaire et des coûts exorbitants ?
·         Il nous paraît judicieux de transformer la fédération Miti FRALL (balbutiante) en une Agence régionale du livre et de la lecture, gérée par un directeur, composée de permanents qui seraient issus des services existants. Chargée de mettre en place la politique du livre de la Guyane, accompagnée d’un conseil d’administration, comportant un centre de ressources et de documentation, un fonds professionnel pour les membres de la chaîne du livre, cette agence serait également l’observatoire du livre (enquêtes, statistiques) indispensable à mesurer les progrès desdites pratiques de lecture. Ce type de structure existe dans certaines régions hexagonales, elles pourraient apporter leur expérience.
·         Composée des acteurs du livre, elle interviendrait sur :
o   L’aide à l’édition (revues comme livre, numérique ou papier), à la réédition des œuvres disparues, à la traduction, au livre pour handicapé
o   Le coût du livre
o   Le soutien aux libraires : obligation pour les lieux documentaires à consacrer au moins 50% de leur budget aux achats dans les librairies locales
o   L’optimisation du réseau des bibliothèques, en particulier de la bibliothèque Franconie, tête de pont de l’ensemble. Ce  réseau doit inclure des lieux dans les quartiers populaires et les communes de l’intérieur (salles de lecture, bibliobus). On doit se fixer des objectifs de fréquentation.
o   L’aide à la création des fonds documentaires dans les écoles, CDI, bibliothèques, services spécialisés, crèches en vue de l’éveil à la lecture
o   L’aide à l’édition de manuels adaptés à la culture guyanaise sous toutes ses facettes (histoire, géographie, nature, imaginaire local…) en lien étroit avec les enseignants, chercheurs
o   L’aide à la création de fonds documentaires en langues régionales, bilingues sur tout le territoire
o   L’expertise autour du livre et de la lecture (missions, enquêtes, bilans…)
o   L’aide à la lecture de tous les publics défavorisés : crèches, prison, hôpital, illettrés, bilingues, autotochnes.
o   La formation des professionnels du livre
o   L’organisation du salon du livre
o   L’aide aux auteurs (garantir une juste rémunération des auteurs lors des animations. Cf. CNL)
·         Le budget de l’agence : Pour fonctionner, cette agence trouverait dans la fusion des budgets (augmentés) des institutions existantes les moyens de son existence (CTG, DAC rectorat, CNES, Missions de l’emploi…). Ce budget comporterait :
o   Le budget de fonctionnement (salaires, entretien des locaux, fournitures…)
o   L’ensemble des aides ci-dessus décrites
o   Un fonds pour le déplacement des écrivains sur le plan local, régional, national et international. Les dossiers seraient examinés par une commission paritaire composée des institutions.


3.      Les bibliothèques
Le réseau des bibliothèques est à peu près constitué. Dès lors, le but est d’améliorer l’existant :
·         Une aide aux municipalités qui parviennent à fixer un budget-bibliothèque obligatoire (à définir) qui tiendrait compte de l’entretien des locaux, logistique, fournitures et favoriserait une certaine autonomie financière de ladite bibliothèque.
·         Projets de rénovation des bibliothèques qui le méritent.
·         Favoriser les projets pluri-culturels notamment dans les petites communes
·         Donner à la BDP et à la bibliothèque Franconie de vrais moyens de sa politique de réseau (collections, animations, formations, prêt inter-bibliothèques). La bibliothèque doit axer une de ses missions sur les collections patrimoniales
·         Catalogues fusionnés
·         Informatisation complétée dans le réseau
·         Cf. item sur la coopération

4.      Formation.
Vraie question que la formation des personnels du livres qui sont soit des fonctionnaires retirés de leur service d’origine pour des raisons fallacieuses et formées par le CNFPT avec des succès mitigés, soit des personnels hexagonaux qui ne restent pas sur le territoire donnant lieu à un turn-over désespérant. Les propositions sont les suivantes :
·         Mise en place de formations diplômantes pour les métiers du livre (libraires, bibliothécaires, aide-bibliothécaires, documentaliste, archivistes, attachés de presse, etc.) dans le cadre de l’UG. Ces personnes formées seraient susceptibles de pourvoir les postes des médiathèques à implanter sur tout le territoire et de répondre aux demandes des libraires qui ont souvent l’obligation de former sur le tas.
·         Dans le cadre des animations autour du livre, les retraités (rémunérés) peuvent être mis à contribution. Ils feraient l’objet de formations spécifiques.
·         L’importance de l’auto-formation dans les lieux documentaires.

5.      Numérisation et informatisation

·         Mettre en place un plan de numérisation pour les livres et les archives de Guyane (en particulier les fonds patrimoniaux).
·         Un travail collaboratif autour de la base « Manioc ».
·         Consolider l’informatisation dans les lieux documentaires

6.      Animations
Lire et faire lire, telle est la mission d’une bibliothèque. Pour y parvenir
·         Dynamiser les bibliothèques et structures du livre sur l’ensemble du territoire par des actions qui convoquent des animations autour du livre mais également d’autres pratiques culturelles (théâtre, art, musique…).
·         Résidences d’écritures, bourses de création, échanges d’écrivains, ateliers d’écriture.
·         Soutien à tout projet d’animation autour de la lecture (Salon du livre, Prix Carbet des lycéens, Pololok, Escales littéraires, Temps des poèmes, Journée Damas, Année-hommage à…). Seront passés des contrats d’objectifs pour les projets pérennes, inscrits dans la durée.

7.      Education
Le constat décourageant des non-lecteurs (sortis du système scolaire) doit conduire l’agence à mener une politique ambitieuse à la fois autour de la lecture et autour du plurilinguisme en partenariat avec le rectorat et l’université.
·         Contribuer avec l’agence à intégrer dans les cursus les œuvres des auteurs guyanais et du continent, de la 3e à la Terminale
·         Budget clairement défini / élève pour chaque CDI et bibliothèques du primaire
·         Animations autour de la lecture (clubs de lecture, ateliers d’écriture, journaux de classe, radio scolaire, concours, invitations d’auteurs, arts de la scène…)
·         Favoriser la recherche littéraire à l’université

8.      Coopération

·         Bibliothèques transfrontières à St-Laurent et Regina : elles doivent répondre à un public bilingue, accueillir les publics des autres rives. Les pays frontaliers interviennent dans les acquisitions
·         Pérenniser le festival des Guyanes, les rencontres Amapa-Guyane

9.    
  Médiatisation

·         Collaborer avec tous les média : conventions à signer via l’Agence régionale du livre et de la lecture
·         Contribuer à l’émergence d’émissions littéraires
·         Mise en place du site de l’agence
·         Accompagnement des auteurs pour leur communication. L’agence doit être une interface entre les média (d’ici et d’ailleurs) et les auteurs (émissions littéraires, articles).