jeudi 20 décembre 2012

Lire Damas aujourd’hui par Ernest Pépin


Dans l’obscurité des années 30, soudain une météorite. La première d’un monde en péril. L’Europe allait s’ensauvager et la France encore amusée par ses expositions coloniales voyait se fissurer le bel édifice de la raison dite cartésienne. Le surréalisme à sa manière onirique contestait ce que l’on pourrait appeler l’ordre bourgeois et la subversion hantait comme toujours certaines contrées de l’art. Mais la subversion des subversions devaient venir de la Guyane, portée  par un brûlot nommé Damas. Point n’est besoin d’approfondir les trois fleuves de Damas. Sauf à dire que la Guyane qu’il a laissée n’était en rien une terre tranquille. Elle combattait les inévitables injustices coloniales et s’interrogeaient sur la légitimité même d’un système où exclusion et exploitation faisaient bon ménage. Il est comme cela des fleuves qui grondent et grondant propagent des ondes de conscience qui ne meurent jamais. Il est aussi des consciences ébranlées par la mort, enflammées par la lucidité, aiguisées par la liberté. Celles-là n’ont que le choix des révoltes et que l’envie de briser pour reconstruire un autre du monde et un autre du réel. Damas s’enfonce résolument dans la peau du nègre et l’habite en toute insolence pour en faire une peau humaine. Les racismes ne manquent pas et les racistes non plus ! Et c’est dans cette peau là, qu’il verse l’acide d’une dépossession de soi subie et même parfois intériorisée par de nombreuses peaux noires qui sont en fait des masques intolérables. D’où le besoin de révéler l’indicible, l’insupportable, d’infliger à la poésie elle-même les ardentes secousses d’un dire qui oscille entre la confession intime et le graffiti obscène. Je veux dire le dedans et le dehors, l’existence et l’histoire. Dire qui reste parole incisive, gravée dans  chair souffrante et soufferte d’une condition humaine vécue comme inauthentique parce qu’amputée d’une part d’elle-même : la part africaine. Cette amputation là est de l’ordre de l’irrémédiable, de l’irréparable et de l’inconsolable. Elle donne la nausée (un goût de sang me vient/Obsession Page 19) – « l’acre odeur du sang jaillissant » page 23). Elle remonte à la gorge, à la mémoire, à la conscience (« me rappelle »/En file indienne Page 31). (« me revient »/Hoquet. Des pétales de rancune et de haine s’envolent malgré soi, en soi, parsemant (Page 49). Cette remontée, ce renvoi, qui se fraie un chemin d’écœurement cisaille la parole comme un sécateur qui rend justice à l’ordre même dont se pare la poésie. Ici point de place pour le chant mais au contraire l’irruption d’un rythme d’une cadence qui déconstruit l’idée même de mélodie. Tout est dans la répétition obstinée, le phrasé et le jazzé grattant jusqu’au saignement la mémoire et l’indignation, le lancinant. Le poème s’enroule sur lui-même, pleins de soubresauts, racle la parole et voltige des copeaux de mots. Il ne dit pas. Il troue le dire, ressasse, lance une formule, une imprécation, une condamnation. Et c’est ce qui fait l’acuité de
Damas, cette part d’introspection inachevée, à vrai dire impossible et ce tranchant de la formulation hypnotisée. 

Alors évidemment, on songe à la poésie noire-américaine, au blues, au jazz. Cela est indéniable, surtout lorsqu’on connaît les amitiés de Damas. C’est indéniable mais cela ne suffit pas. Je crois que là, là surtout, s’exprime la rébellion de Damas. Je crois que là se montre l’inconfort. Je crois niche la plaie. La plaie qu’on lèche ou qu’on gratte mais la plaie qui témoigne. Parce qu’autant la poésie césairienne est un opéra de la souffrance, la poésie de Damas est un  solo de la souffrance. Souffrance du déracinement d’avec la sœur, la mère, la grand-mère, la terre ancestrale, la Guyane, l’histoire sans possible germination dans un lieu affectif. Le lieu c’est le pigment, c’est la névralgie et toute névralgie projette sa paix.

Je crois qu’en dehors du bégaiement d’enfance tant de fois évoqué Damas a choisi une esthétique personnelle non pas de la surface ou de la houle mais de la profondeur où le mot en lui-même, par lui-même est à la fois une percussion, une scansion qui vrille jusqu’à faire surgir non pas l’image mais l’écho d’une parole résolument intérieure et résolument vibrante. « Ils me l’ont rendu /la vie/plus lourde et lasse ». Et nous voilà écoutant, comme aux portes du désespoir, la confession intime d’un « JE » qui témoigne pour le « NOUS » et qui rejette l’innommée cruauté du monde occidental que l’on somme de prendre conscience du crime d’avoir organisé l’infériorité et le mal-être qui en résulte. Par le jeu subtil des pronoms. Le « JE », se mue en « MOI » et « l’ETRE » viscéralement accroché à l’histoire de la peau.  Et ce qu’il trouve c’est une dépossession de soi. Une perte vertigineuse. Cette esthétique est moderne de par sa rapidité même. Les mots sont jetés dans l’urgence. Ils s’organisent en syncope qui souligne le sens, loin de toute démonstration et au plus près du ressenti. Damas est à l’évidence un poète en situation qui nous livre les traces, les bribes, les éclats d’un pétillement de la souffrance. La sienne mais aussi celle du monde inadéquat. « Qui pourrait dire/ Page 119. Mais surtout Damas nous livre ce qu’il ne dit pas et que la poésie révèle par sa force d’expression. Damas ne crie pas, il fait advenir l’âme noire («  j’ai au toit de ma case/jusqu’ici /l’ancestrale foi conique »  Page 65). Ce que nous voyons c’est un écartèlement, une déchirure ravivée par l’ordonnancement presque chaotique des mots. Le mot par sa puissance évocatrice ravine la phrase et dérègle le vers.
Je crois que nous  sommes dans une esthétique de la déconstruction qui crée de la poésie au rebours du poétique tel que convenu. Ici pas de galop furieux mais le boitement voulu, revendiqué qui signale la disharmonie d’une parole vouée à la dénonciation. SHINE en est un exemple frappant (Page 65). Les mots zigzaguent sur la page, s’entassent, sont rejetés de façon surprenante et finissent par s’enfoncer dans le nœud même du désastre. Poésie rugueuse, haletée, comblés de mots ordinaires, courants, orduriers, comme pour faire entrer la vie quotidienne dans la brèche du poème. Cela aussi est une esthétique moderne, cette torche qui brûle au fond de la caverne de l’angoisse. Je pense au ragga, au reggae, au tag, à toutes ces formes d’expression qu’on appelle urbaines et qui ne sont que le tournoiement d’oiseaux fugaces en mal d’existence.
La parole est déformée non par boursouflures emphatiques mais au contraire par une sorte de retenue véritablement cinglante. Coups de cymbales qui foudroient !
C’est l’heure de parler de l’ironie de Damas. Une ironie qui sait être morbide et qui renverse l’ordre injuste des choses de l’idéologie, de la vie, de l’amour.
Une ironie qui est un commentaire. C’est patent dans le poème Névralgie (Page 21), c’est suggéré dans la formule et caetera qui revient souvent. C’est manifeste dans HOQUET. Parfois l’ironie frôle la dérision de soi comme dans un clochard m’a demandé dix sous (Page 39) ou dans NUIT BLANCHE (Page 57). Cela explose avec ET CAETERA (Page79). L’ironie de Damas est une posture voulue contre l’inconsistance même d’une forme de sérieux, devant ses masques et ses mensonges. C’est en clair une ironie dénonciatrice !
Il n’est donc pas question ni de simplicité de l’expression ni de légèreté. Il est question de privilégier l’oralité majeure d’une poésie qui est avant tout parole et cela aussi est moderne. Ecoutez le slam ! L’incantation est là dans cérémonie du dire qui colle au souffle même du poète.
Black Label, selon moi sera la consécration de ce souffle que pour ma part j’assimile aux ponctuations hurlées ou sourdes d’un Miles Davis.
Comme psalmodié comme un lent et long chapelet qu’onrécite, la ritournelle à boire jusqu’à la lie. « Ceux qui », énumérés, décortiqués et par l’énumération coupables et comptables de leur soumission. Malgré le soliloque avec un soi sevré de tendresse et qui n’en finit pas de recommencer tant de verbes défenestrés par le créole, la rengaine ivre où s’entrelacent des voix a-syntaxées qui sonnent les cloches de la révolte amère. Et en même temps joue l’esthétique du collage de fragments d’amour. Et jamais Guyane ne fut plus présente en cette esthétique du dire fragmenté. Quadrille au commandement dont on ne saisit que la voix insomniaque et subversive. Insomniaque et tambourinée. Tambourinée et insomniaque. Voyage au bout de la nuit, a bout du mot allumé par un questionnement, une réminiscence, un aveu. Tout cela avec une tonalité aigre-douce qui caractérise la poésie de Damas. Sommes-nous dans la  complainte aux étoiles ? Sommes-nous à ce moment d’intériorité psychique où tout brouillard bu se lève face au monde l’inventaire méticuleux du subi. Quelle désillusion broute Damas autant qu’il est brouté et qui se résume en un seul mot : MERDE !
Esthétique de la variation, du tremblement, de la fugue. Pensons à cette musique de Ravel (Boléro)….où le thème inlassablement repris se modifie du fait même de la répétition. Vagues défaites et refaites d’une marée libre de la conscience et de l’inconscient. L’inconscient se joue. Le film du rêve n’est jamais loin du film du cauchemar. Arythmie et polyphonie d’un MOI multiplié, éparpillé, que le blues unifie faute de le réconcilier. Les mots, les phrases entrent comme par effraction dans la poésie.
Qu’à a voir tout cela avec la modernité ?
Le surréalisme est loin.
Le jazz s’est banalisé.
La poésie s’est dépoétisée.
L’on se repaît de post-colonialité.
Qu’est-ce que le moderne ?
Fondamentalement une ouverture ouverte au monde. Evidemment cela ne veut rien dire mais cela tend à dire que nous sommes bombardés par des instants du monde et que ces instants déclenchent des ruptures innovantes, des formes insolites et des esthétiques radicales.
Le moderne, à première vue est barbare comme un impossible. Le moderne exige la spontanéité et aspire à l’intemporalité. Le moderne est brutal.
Ce disant, je pense à la jeunesse, au hip-hop, au ragga, au tag, au slam, à tout l’urbain, à tout ce qui bouscule les normes, la bien-pensance, à tout ce qui nous précipite dans le vertige sans l’amortisseur des conventions consolantes.
Alors oui Damas est moderne. Je veux dire actuel dans ce monde colonisé par l’argent, divisé par les puissances, aliéné par les mirages de la consommation. Monde insurgé contre l’état actuel du monde où s’énoncent des protestations indignées.
Vous l’aurez compris, je veux dire dans ce monde où ce qu’il y a de plus damassien dans Damas survit encore et toujours dans les ruptures esthétiques et les révoltes inconsolées.
Nous avions connu Blaise Cendrars, nous connaissons aujourd’hui Basquiat et nous pressentons l’irruption d’un art total qui condense le jaillissement « primitif » aux entassements des musées et des institutions revisités. Notre espace-temps accéléré par les nouvelles technologies prône un dépassement, une reformulation du sens où s’inscrivent le présent et le futur. Point d’humanisme mais la béance de l’humain ouverte sur l’angoisse. L’art chargé de codes multiples, croisés venus d’une globalisation qui est désormais notre lot.
Les colonialismes à dénoncer et à vaincre, les religions à désacraliser, l’amour à vivifier, Damas réclame de nous toujours la mise en œuvre d’un chantier d’aujourd’hui, d’une poétique de l’humain débarrassée des préjugés et des certitudes fascistes de toutes les déshumanisations. « au matin de notre erreur ». Foin des étouffements, des empêchements, des limitations de l’homme ! Il y a en Damas une enfance qui se berce d’un rêve, de l’amour et de la postulation régressive d’une  totalité.
« mon lit d’enthousiasme » ; « un besoin d’évasion » ; « sans complexité » ; « le rêve du dormeur éveillé » ; « mon cœur rêve de beau ciel pavoisé de bleu » ; Ici et là comme au dos d’une carte postale les formules magiques d’une autre réalité dont on n’ait pas honte. Petits signaux de fumée.
Je dis enfance comme j’aurais pu dire « innocence », comme j’aurais pu dire « liberté » du corps, de l’esprit, du rêve, de l’amour. Car ce que dénonce, regrette, combat Damas c’est l’absence d’une liberté d’être qui empêche de savourer la vie. Et pour porter cette liberté repêchée dans le clair de lune, la nuit, les souvenirs de la Guyane, l’exil, il fallait une énergie motrice : celle du poème égrenant les mots-rythmes, celle d’une musique concassée, ressassée. Retour sur soi. Spirale déroulée d’une conscience attisée par son ressentiment et sa propre catharsis. Ce « vent qui chante des trésors enfouis », c’est Damas lui-même ! Un Damas qui n’aura pas que chanté mais qui aura, toute nostalgie bue, tout pigment remâché, modernisé l’esthétique du refus. Tel est son héritage. Un héritage de militant dont le premier héritier est Frantz Fanon. Un héritage anti-colonialiste.

Illustrations de Galweb design




mercredi 31 octobre 2012

Promolivres célèbre Damas Outre-Oyapock


1ère Foire du Livre de Macapa (FLAP) du 3 au 6 novembre 2012



photo d'archives
 
L’association Promolivres participe à la première Foire du Livre de Macapa du 3 au 6 novembre 2012. Cet événement mettra en vedette un important programme culturel qui cherche à éveiller l’intérêt de la lecture chez les enfants, les jeunes et les adultes.

En cette année de célébration du grand poète guyanais Léon Gontran Damas, Promolivres propose un programme le mettant à l’honneur à Macapa à travers une conférence de Dominique Boisdron « Un patrimoine littéraire guyanais » et  l’exposition cyberMayouri Damas initiée par Krakémanto.

Notre délégation est composée de l’historien Eugène Epailly qui s’exprimera sur le bagne, de l’auteure guyanaise Marie-Georges Thébia qui présentera ses ouvrages et son travail d’écriture, de Tchisséka Lobelt, présidente et Monique Dorcy, trésorière.




Dans nos bagages de nombreux ouvrages à faire connaître Outre-Oyapock qui seront exposés sur un stand consacré à la Guyane et à la présentation des activités de Promolivres qui oeuvre pour le livre et la lecture depuis 1996.


 

mardi 11 septembre 2012

Chronique littéraire d’un festival sur le plateau des Guyane par Dominique Boisdron

Centenaire pour centenaire !
Lors du « Inter Guiana Cultural Festival 2012 », la délégation guyanaise exposait dans le cadre du Centenaire de Léon-Gontran Damas des visuels illustrant ses poèmes et distribuait des brochures les représentant.Cependant, tout aussi centenaire et bien vivant, un écrivain guyanien, Edward Ricardo Braithwaite né le 27 juin 1912 à Georgetown présentait lui-même ses romans qui traitent principalement des rapports entre les Noirs et les Blancs.


Le premier To Sir, with love (1959), traduit en français sous le titre Le chahut (1964) et semi-autobiographique, fait état de son expérience d’enseignant dans une banlieue de Londres après la guerre. Adapté au cinéma en 1967 avec comme acteur principal Sidney Poitier, le film (Les anges aux poings serrés) a connu un certain succès. Ce livre a été réédité en 2005 avec une préface de Caryl Philips qui insiste sur l’actualité du thème.
Enrôlé comme pilote durant la deuxième guerre mondiale, diplômé de l’université de Cambridge (doctorat de physique en 1949), E.R. Braithwaite a été consultant pour l’UNESCO (1963-1966), diplomate aux USA et au Vénézuela (1967-1969), écrivain en résidence à Howard University (2002) et a enseigné dans plusieurs universités américaines
notamment à New York University.


Un de ses livres Honory white (1975) relate son séjour en Afrique du Sud où il a été invité sous le régime de l’apartheid comme blanc d’honneur et où ses livres étaient interdits jusqu’à 1973. Ses œuvres lues à Radio 4 BBC (Londres) font l’objet de fiches pédagogiques disponibles sur internet. Lors de la manifestation inter-Guyanes, dans l’exposition qui le présentait figuraient, entre autres les photos des écoles de Georgetown.où avait étudié ce fils d’universitaires (ses parents étaient diplômés d’Oxford). Il vit actuellement au Guyana et
revendique fermement (notamment dans un discours reproduit et affiché sur le stand qui lui est consacré) son identité de Guyanien.

 

Bibliographie : (présentée par la National library de Georgetown).
To Sir, with love (1959)
A kind of homecoming (1962)
Paid servant (1962)
A choice of straws (1965)
Reductant neighbours (1972)
Honory white (1975

 


dimanche 15 juillet 2012

Des cartes poèmes pour célébrer Damas




Faire circuler la parole de Damas . Cette année 2012 célébrant le centenaire de sa naissance (28 mars 1912 - 22 janvier 1978) nous en offre l’occasion. Promolivres consacre donc la série 2012 de ses cartes poèmes illustrées à la poésie de Damas. Des extraits de Pigments, Névralgies, Black Label et Retour de Guyane pour inciter à lire et à relire ce poète de  « la sincérité absolue, de la mise à nu », selon Daniel Maximin. Un partenariat avec la Bibliothèque Départementale de Prêt de la Guyane, à laquelle Promolivres a remis 3 000 cartes sur un total de 6 000, permettra que ces cartes soient distribuées  dans un large réseau de bibliothèques et d’établissements scolaires dans les communes éloignées.
La présentation officielle a eu lieu  le 6 juillet dernier à la BDP de Cabassou, animée par les slameurs Peterflam  et Chanaiz qui ont su s’emparer des textes du grand poète guyanais, cet homme des cultures opprimées,  pour les divulguer à leur manière avec talent.


Les cartes poèmes sont désormais disponibles pour tous, élèves, grand public, amoureux de la poésie et fervents lecteurs de Damas. Elles seront distribuées dès la rentrée par les bibliothèques de Guyane.

mercredi 18 avril 2012

Damas : poète, écrivain patrimonial et postcolonial


Colloque international à Cayenne
17-22 avril 2012

                                                                                                                                                          Léon-Gontran Damas: poète, écrivain patrimonial et postcolonial.
Quels héritiers, quels héritages au seuil du XXI ième siècle


Après le décès d’Aimé Césaire (1913-2008), il s’avère une fois de plus que l’un des co-fondateurs majeurs du mouvement de la Négritude reste à l’ombre de Léopold Sédar Senghor (1906-2001) et d’Aimé Césaire. Pourtant, Léon-Gontran Damas (1912-1978) était un pionnier qui savait donner un retentissement international à la francophonie afro-antillaise et à la pensée postcoloniale.
Dans cet hommage et ce forum international, nous voulons réunir des témoins et des critiques qui apprécient l’homme et l’œuvre à sa juste valeur. Bien que sa poésie soit « moins sophistiquée » (Senghor), et qu’il y ait « du Prévert en lui » (Corzani), Damas reste « the ultimate multicultural intellectual » (Ojo-Ade). A l’ère de la post-Eloge, l’« étonnante dis-symphonie de ces trois paroles » (Glissant) incite à dresser le bilan de trois générations d’intellectuels et de littéraires qui ont marqué la Caraïbe en particulier, et le « Tout-monde » en général.
Plusieurs pistes seront l’objet d’échanges et de réflexions, sur ce promoteur de la conscience noire, d’origine africaine, amérindienne et européenne, « les trois fleuves qui coulent dans ses veines » comme il l’expliquer lui-même dans Black Label en 1956 :
·         La pensée de Damas dans la construction de l’identité guyanaise
·         Damas, l’ethnographe anti-eurocentriste (Veillées noires et Retour de Guyane)
·         Damas, le poète post-négritude (surréaliste, queer (Black-Label) et go-between (Harlem Renaissance, Alain Locke, …)
·         Damas, le politicien controversé et le professeur consacré de black literature à Howard University (Washington, D.C.)
·         Damas, les femmes et l’amour
·         Réception de Damas  en Guyane, aux USA, en France
·         Damas et l’Afrique 
·         Damas et le Brésil
·         Damas et la musicalité littéraire
·         Quelle postérité et quelle relève : post-créolité ?
·         Comment traduire Damas ?
·         Comment enseigner Damas ?





Le Programme


Jeudi 19 et Vendredi 20 avril :  Colloque


Jeudi 19 avril
Vendredi 20 avril
8h30 - 9h00  Accueil des participants.
9h00– 9h45 : Ouverture par Serge PATIENT, Président d’honneur du Colloque ; Allocutions des organisateurs (Kathleen GYSSELS et Monique BLERALD), du Président  de l’université, du Président  de la Région Guyane.
Hommage à Léon Gontran Damas par Peter flam, slameur
Pause
1ère session: Le penseur postcolonial
10h00 – 10h20 : Alexander DICKOW « Chemins de Damas ou sauts du même au même? Damas et la Modernité »
1oh25 – 10h45 : Buata MALELA  « Violence et cheminement vers la Guyane ? La postcolonialité de Léon-Gontran Damas »
10h50 – 11h10 : Kathleen GYSSELS «‘Sur une carte postale’ : Léon Gontran Damas et la fracture coloniale » 
11h10-11h25 : Discussion
2ème session: Douleur et Déliure
11h25 – 11h45 : Richard DJIROPO « L’expression du moi comme une synecdoque du nègre; je, cet autre toi, mon frère nègre ! Chez Damas»  
11h50 – 12h10 : Antonella EMINA « Déliures Damassiennes »
12h15 – 12h35 : Yves CHEMLA « Black Label de Léon-Gontran Damas, l’énigme et la douleur »
12h35 – 12h45 : Discussion
12h50 - 14h15 : Déjeuner
3ème session: Damas au carrefour des arts
14h30 – 14h50 : Mylène DANGLADES  « Léon Gontran Damas, Tout un florilège de mots »
14h55 – 15h15 : Gérald DESERT « Léon-Gontran Damas : poète jazz du trio de la Négritude »
15h20 – 15h40 : Abdoulaye GAYE  « De Léon-Gontran Damas à LKJ, résonance poétique et musicale »
 15h40-15h50 : Discussion 
Pause
4ème session: Damas  et la Guyane
15h55 – 16h15 : Marie-Paule Jean-Louis « Damas  et le conte »
16h20 – 16h50 : Isabelle HIDAIR  et Marielle LEDY « La négritude et les idéologies des racines : Quels héritages dans l’identité créole guyanaise ? »
16h50 – 17h00 : Catherine LEPELLETIER « Les métaphores des trois fleuves, les figures de la négritude damasienne »
Discussion
Soirée Culturelle et Dîner au Novotel
8h30 – 9h00 : Accueil des participants
1ère session: Négritude & Surréalisme
9h00 – 9h20 : Marc LONY, « le style ‘canaille’ de Damas »
9h25 – 9h45 : René GNALEGA  « Léon-Gontran Damas et Léopold Sédar Senghor ou la rencontre de deux imaginaires »
9h50 – 10h10 : Dominique MARTIN  « Damas ou l’écart absolu : ses rapports au Surréalisme » -
Discussion
Pause
2ème session: Quête de l’ailleurs
10h50 – 11h10 : Audrey DEBIBAKAS  «‘Détour’  de Guyane : déperdition, dépossession ou prémices d’une démarche créatrice ? »
11h15 – 11h35: Liliane PESTRE DE ALMEIDA  « Damas et le Brésil »
11h35 – 12h00 : Elisabeth BALDWIN  « Damas et George Amado, mémoire et traversées »
12h05 – 12h25 : Discussion
13h00 - 14h00 : Déjeuner
3ème session: Enseigner et lire Damas aujourd’hui
14h15–14h35 : Dominique BOISDRON  « Enseigner Damas » 
14h40 – 14h55 : Monique BLERALD,  « Damas  ou le chevalier mal-aimé »
15h00 – 15h20 : Ernest PÉPIN « Lire Damas aujourd’hui »
Discussion


4ème session : Ethnographie  et témoignages
15h30 – 15h45 : Christian CÉCILE  « Représentation de Léon-Gontran Damas dans la société guyanaise, réappropriation culturelle et stratégies identitaire »
 15h50 - 16h20 : Kristen SARGE «Léon-Gontran Damas, retour en Guyane (1934-1938) »
16 h25 – 16 h 40 : Gisèle BOURQUIN  « Témoignages »
Discussion
Pause
5ème session: L’engagement politique
17h00 – 17h20 : Lydie CHOUCOUTOU « L’activité parlementaire de Damas »
17h20-17h50 : Antoine KARAM  et Elie Stephenson « L’engagement politique de Léon-Gontran Damas »
Discussion
Clôture
18h00-18h20 : Pierre-Yves Chicot, Synthèse
Eugénie Rézaire  et l’ASSALD, « Poème Musiqué »




Vendredi  20 avril


20h : Spectacle théâtral  à l’Encre : « Damas!Fragments», présenté par la Compagnie de l’homme aux semelles  de vent et la troupe du Méridien , avec Gregory Alexander, Régine Lapassion et Valérie Whittington. Mise en scène de Patrick Moreau et Raffaele Giuliani.



La Liste des intervenants du Colloque International


Noms des auteurs
Date
d’intervention
Nature intervention

Jeudi 19 avril

-         Malela Buata (Suisse)
-         Kathleen Gyssels (Belgique)
-         Alexander Dickow (Etats-Unis)


Matin

1ère session: « Le penseur postcolonial »
-         Yves Chemla (France)
-         Emina Antonella (Italie)
-         Richard Djiropo (Guyane)
2ème session: “Douleur et Déliure”

-         Abdoulaye Gaye (Guyane)
-         Gérald Desert (Martinique)
-         Mylène Danglades (Guyane)
Après-midi

3ème session: « Damas  au carrefour des arts »
-         Isabelle Hidair (Guyane)
-         Marielle Ledy (Guyane)
-          Catherine Lepelletier (Guadeloupe)
-        
4ème session: « Damas  et la Guyane »

Vendredi 20 avril

-         René Gnalega (Côte d’Ivoire)
-         Marc Lony (Guyane, USA)
-         Martin Dominique (Guyane)

Matin


1ère session: « Négritude & Surréalisme »
-         Lilian Pestre de Almeida (Portugal)
-         Audrey Debibakas (Guyane)
-         Elisabeth Baldwin (Brésil)
2ème session:
« Quête de l’ailleurs »

-         Ernest Pépin (Guadeloupe)
-         Dominique Boisdron (Guyane)
-         Monique Blérald (Guyane)
Après-midi
3ème session :
« Enseigner et lire Damas aujourd’hui »
-         Kristen Sarge (Guyane)
-         Christian Cécile (Guyane)
-         Gisèle Bourquin (France)
4ème session : « Ethnographie et témoignages »

-         Antoine Karam (Guyane)
-         Elie Stephenson (Guyane)
-         Lydie Choucoutou (Guyane)

5ème session: L’engagement politique


Pierre-Yves Chicot (Guadeloupe)
Synthèse