En Guyane le livre doit devenir une priorité régionale
Propositions du secteur
Livre et Lecture
L’état et les institutions régionales, se
doivent de créer les conditions les plus favorables à l’éclosion, au
développement et au maintien des habitudes de lecture.
Reconnaître
que la démocratie s’accommode mal de l’illettrisme et de l’analphabétisme qui
concernent une partie non négligeable de la population guyanaise ; constater
que le multiculturalisme de la Guyane est, de fait, bien mal représenté dans l’écrit
; enfin admettre que la chaîne du livre, peu soutenue si on la compare à
d’autres activités (sportives notamment), a bien du mal à répondre à ces
exigences, autant d’évidences qui perdurent en dépit des politiques menées. Il
est important de :
·
reconnaître
le livre et la lecture comme priorité
régionale d’autant que la transversalité du livre irrigue l’ensemble des
pratiques culturelles.
·
nourrir notre identité propre en suscitant des
actions qui valorisent la littérature guyanaise sans nier celle des autres (en
particulier celle de notre continent).
L’objectif poursuivi
est donc de rendre le livre et la lecture accessibles à tous, de rapprocher les
lecteurs des auteurs, y compris les publics éloignés de la lecture.
1. Les publics
Sans recours
à une évaluation fine des pratiques de lecture, il est patent qu’un certain
nombre de guyanais n’ont pas ou peu accès au livre :
·
Les
« tout-petits »
·
Les
scolaires sortis du système
·
Les
populations issues de l’immigration
·
Les
quartiers défavorisés
·
Les
retraités
·
Le
public handicapé
·
Les
malades
·
Les
prisonniers
Des réponses
appropriées doivent être apportées dans et hors de l’école, dans le cadre de la
formation initiale et continue, à l’intérieur des structures où elles font
défaut.
Pour faire
face à des publics laissés pour compte, on doit imaginer un coût du livre à
l’habitant qui tienne compte des spécificités multiculturelles de notre
population, et qui reviendrait à définir un budget moyen pour chaque lieu
documentaire et non pas un budget minimum selon
le mauvais vouloir de l’exécutif, qu’il soit Président de région, Maire ou chef
d’établissement.
2. L’agence régionale du livre et de la
lecture : Miti FRALL
Comment
harmoniser des fonctionnements existants qui ont pour objectifs de soutenir le
livre et la lecture (CTG, Rectorat, DAC, Miti FRALL…), sans ajouter au
millefeuille une feuille supplémentaire et des coûts exorbitants ?
·
Il
nous paraît judicieux de transformer la fédération Miti FRALL (balbutiante) en
une Agence régionale du livre et de la lecture, gérée par un directeur, composée
de permanents qui seraient issus des services existants. Chargée de mettre en
place la politique du livre de la Guyane, accompagnée d’un conseil
d’administration, comportant un centre de ressources et de documentation, un
fonds professionnel pour les membres de la chaîne du livre, cette agence serait
également l’observatoire du livre (enquêtes, statistiques) indispensable à
mesurer les progrès desdites pratiques de lecture. Ce type de structure existe
dans certaines régions hexagonales, elles pourraient apporter leur expérience.
·
Composée
des acteurs du livre, elle interviendrait sur :
o
L’aide
à l’édition (revues comme livre, numérique ou papier), à la réédition des
œuvres disparues, à la traduction, au livre pour handicapé
o
Le
coût du livre
o
Le
soutien aux libraires : obligation pour les lieux documentaires à
consacrer au moins 50% de leur budget aux achats dans les librairies locales
o
L’optimisation
du réseau des bibliothèques, en particulier de la bibliothèque Franconie, tête
de pont de l’ensemble. Ce réseau doit
inclure des lieux dans les quartiers populaires et les communes de l’intérieur
(salles de lecture, bibliobus). On doit se fixer des objectifs de
fréquentation.
o
L’aide
à la création des fonds documentaires dans les écoles, CDI, bibliothèques,
services spécialisés, crèches en vue de l’éveil à la lecture
o
L’aide
à l’édition de manuels adaptés à la culture guyanaise sous toutes ses facettes
(histoire, géographie, nature, imaginaire local…) en lien étroit avec les
enseignants, chercheurs
o
L’aide
à la création de fonds documentaires en langues régionales, bilingues sur tout
le territoire
o
L’expertise
autour du livre et de la lecture (missions, enquêtes, bilans…)
o
L’aide
à la lecture de tous les publics défavorisés : crèches, prison, hôpital,
illettrés, bilingues, autotochnes.
o
La
formation des professionnels du livre
o
L’organisation
du salon du livre
o
L’aide
aux auteurs (garantir une juste rémunération des auteurs lors des animations.
Cf. CNL)
·
Le
budget de l’agence : Pour fonctionner, cette agence trouverait dans la
fusion des budgets (augmentés) des institutions existantes les moyens de son
existence (CTG, DAC rectorat, CNES, Missions de l’emploi…). Ce budget
comporterait :
o
Le
budget de fonctionnement (salaires, entretien des locaux, fournitures…)
o
L’ensemble
des aides ci-dessus décrites
o
Un
fonds pour le déplacement des écrivains sur le plan local, régional, national
et international. Les dossiers seraient examinés par une commission paritaire
composée des institutions.
3. Les bibliothèques
Le réseau
des bibliothèques est à peu près constitué. Dès lors, le but est d’améliorer
l’existant :
·
Une
aide aux municipalités qui parviennent à fixer un budget-bibliothèque obligatoire
(à définir) qui tiendrait compte de l’entretien des locaux, logistique,
fournitures et favoriserait une certaine autonomie financière de ladite
bibliothèque.
·
Projets
de rénovation des bibliothèques qui le méritent.
·
Favoriser
les projets pluri-culturels notamment dans les petites communes
·
Donner
à la BDP et à la bibliothèque Franconie de vrais moyens de sa politique de
réseau (collections, animations, formations, prêt inter-bibliothèques). La
bibliothèque doit axer une de ses missions sur les collections patrimoniales
·
Catalogues
fusionnés
·
Informatisation
complétée dans le réseau
·
Cf.
item sur la coopération
4. Formation.
Vraie
question que la formation des personnels du livres qui sont soit des
fonctionnaires retirés de leur service d’origine pour des raisons fallacieuses
et formées par le CNFPT avec des succès mitigés, soit des personnels hexagonaux
qui ne restent pas sur le territoire donnant lieu à un turn-over désespérant. Les
propositions sont les suivantes :
·
Mise
en place de formations diplômantes pour les métiers du livre (libraires,
bibliothécaires, aide-bibliothécaires, documentaliste, archivistes, attachés de
presse, etc.) dans le cadre de l’UG. Ces personnes formées seraient
susceptibles de pourvoir les postes des médiathèques à implanter sur tout le territoire
et de répondre aux demandes des libraires qui ont souvent l’obligation de
former sur le tas.
·
Dans
le cadre des animations autour du livre, les retraités (rémunérés) peuvent être
mis à contribution. Ils feraient l’objet de formations spécifiques.
·
L’importance
de l’auto-formation dans les lieux documentaires.
5. Numérisation et informatisation
·
Mettre
en place un plan de numérisation pour les livres et les archives de Guyane (en
particulier les fonds patrimoniaux).
·
Un
travail collaboratif autour de la base « Manioc ».
·
Consolider
l’informatisation dans les lieux documentaires
6. Animations
Lire et
faire lire, telle est la mission d’une bibliothèque. Pour y parvenir
·
Dynamiser
les bibliothèques et structures du livre sur l’ensemble du territoire par des
actions qui convoquent des animations autour du livre mais également d’autres
pratiques culturelles (théâtre, art, musique…).
·
Résidences
d’écritures, bourses de création, échanges d’écrivains, ateliers d’écriture.
·
Soutien
à tout projet d’animation autour de la lecture (Salon du livre, Prix Carbet des
lycéens, Pololok, Escales littéraires, Temps des poèmes, Journée Damas,
Année-hommage à…). Seront passés des contrats d’objectifs pour les projets pérennes,
inscrits dans la durée.
7. Education
Le constat
décourageant des non-lecteurs (sortis du système scolaire) doit conduire l’agence
à mener une politique ambitieuse à la fois autour de la lecture et autour du
plurilinguisme en partenariat avec le rectorat et l’université.
·
Contribuer
avec l’agence à intégrer dans les cursus les œuvres des auteurs guyanais et du
continent, de la 3e à la Terminale
·
Budget
clairement défini / élève pour chaque CDI et bibliothèques du primaire
·
Animations
autour de la lecture (clubs de lecture, ateliers d’écriture, journaux de
classe, radio scolaire, concours, invitations d’auteurs, arts de la scène…)
·
Favoriser la recherche littéraire à
l’université
8. Coopération
·
Bibliothèques
transfrontières à St-Laurent et Regina : elles doivent répondre à un
public bilingue, accueillir les publics des autres rives. Les pays frontaliers
interviennent dans les acquisitions
·
Pérenniser
le festival des Guyanes, les rencontres Amapa-Guyane
9.
Médiatisation
·
Collaborer
avec tous les média : conventions à signer via l’Agence régionale du livre
et de la lecture
·
Contribuer
à l’émergence d’émissions littéraires
·
Mise
en place du site de l’agence
·
Accompagnement
des auteurs pour leur communication. L’agence doit être une interface entre les
média (d’ici et d’ailleurs) et les auteurs (émissions littéraires, articles).