mardi 5 juillet 2011

Des assises au chevet du livre

Guyaweb*

Par le dans

Lundi soir une table ronde intimiste s’est tenue sur le campus de l’université de Cayenne rassemblant différents acteurs du livre. Une réunion d’urgence, un bouillonnement d’idées et de propositions en vue de la tenue d’ici la fin de l’année en Guyane des « assises du livre ».

C’est dans une petite salle de l’IUFM qu’une petite trentaine de personnes s’était réunie ce lundi soir à l’invitation de l’association Promolivres. Les manches retroussées, affolés par le statut moribond de l’industrie et de l’usage du livre en Guyane, les membres de l’association ont décidé de mettre sur pied les « assises du livre ».
Un évènement inédit pour « être entendus et soutenus par les institutions » annonce Monique Blérald, aussi présidente du conseil international des études francophones qui pointe du doigt le présent et l’avenir préoccupant des acteurs du livre en Guyane. « On voudrait avoir un panorama complet de la lecture en Guyane et savoir comment se porte le livre » ajoute Tchisséka Lobelt, présidente de l’association.
Et pour que ces assises soient efficaces, les membres de Promolivres avaient ainsi convié les auteurs, libraires, représentants de bibliothèques, professionnels de l’enseignement, éditeurs et représentants des collectivités, pour préparer et faire jaillir des pistes et le programme à suivre lors de ces futures assises.
Souffrance littéraire
Les assises auront pour but de dessiner un panorama chiffré, quantitatif et qualitatif de l’industrie du livre en Guyane. Car à ce jour les données manquent et si d’aucuns se plaignent d’une activité moribonde et d’un désengagement des guyanais pour la lecture, comment se chiffrent-ils? Outre la problématique de l’usage du livre par le public guyanais, de nombreux obstacles ont été soulevés au cours de la réunion. A mesure que les prises de parole s’enchaînaient, on pouvait sentir les reproches de chaque groupe à l’attention des autres maillons de la chaîne. Une synthèse très juste a d’ailleurs été donnée par Philippe Bonifay, auteur et scénariste de bande dessinée qui soulignait qu’il «  serait intéressant de se pencher sur les rapports entre l’auteur, l’éditeur, le libraire … qui n’ont pas un rapport amical ».
L’écrivaine Sylviane Vayaboury de déplorer que « on est dans une certaine indigence à cause des libraires, notre exposition n’est pas satisfaisante (…) on est dans la littérature de la honte ». Bernard Montabo d’ajouter « parce que je suis guyanais, on va trouver mon roman sur « la table Guyane », mais pourquoi mon roman n’est-il pas avec les autres romans ? ».
« A part Stephenson, Damas et Patient, sur le plan national et régional, les auteurs guyanais ne sont pas connus, ne sont pas assez valorisés » déplore à son tour Monique Blérald.
« Ce qui m’a frappé lorsque je suis revenue en Guyane, c’est que les institutions consacrent d’avantage [d’argent] pour le football que pour le livre. Si on devait faire un ratio il serait de 1 pour 1 000 ! » lance effarée, Monique Dorcy, auteure et membre de l’association Promolivres.  (Monique Dorcy publiait en septembre dernier une tribune très intéressante au sujet de la place du livre en Guyane).
Patrice Clet, conseiller général d’abonder dans ce sens tout en s’empressant de pointer du doigt que « l’aide doit aussi venir des collectivités municipales pour l’ouverture de bibliothèques ».
Derrière ce pot-pourri de reproches et de pistes à suivre, se profile le manque cruel de rencontres et débats qui permettraient justement d’articuler une politique efficace en faveur de la lecture. Un point soulevé par la présidente de l’association, qui déplore que « les rencontres [des professionnels du secteur] ont seulement lieu lors des journées professionnelles que nous organisons [salon du livre] (…) C’est dommage qu’ils ne se rencontrent pas, ne parlent pas, il faut que ce soir plus formel ».
Des librairies dans le rouge
L’autre sujet de préoccupation majeure qui est ressorti de la table ronde concerne le statut difficile des librairies. Monique Blérald se souvient de discussions avec certains éditeurs français qui lui ont confié « que l’on est un peu frileux à la publication d’auteurs guyanais, à cause des messageries guyanaises de presse sur le point de fermer, d’AJC qui venait de rendre l’âme et de leur perplexité par rapport aux autres librairies ».
Une libraire présente dans la salle apporte son témoignage. Contre toute attente, elle affirme qu’ « il y a vraiment une demande de livres en Guyane », cependant, deux soucis majeurs planent sur la profession. Le premier est bien connu, il concerne le marché du livre scolaire. « Personne ne veut faire du scolaire » raconte-t-elle. Les faibles marges imposées par la loi aux libraires sur les livres scolaires doublées de retards de paiement par les collectivités lors des commandes publiques seraient une véritable épée de Damoclès. « On est parfois obligé de refuser un certain nombre de commandes parce qu’on n’aura pas la trésorerie », de fait, les délais de paiement des collectivités peuvent courir jusqu’à « quarante-cinq jours » pour une centaine de milliers d’euros de commande.
Des commerçants englués dans la toile
L’autre point dénoncé par les libraires locaux concerne les commandes par internet. Entre une livraison en quatre à cinq jours via internet et une attente de près de trois semaines si le client passe par une librairie en Guyane, le jeu est inégal et laisse souvent le libraire du quartier sur le carreau. « Le souci qui se pose en Guyane, c’est qu’on n’a pas tous les livres [en boutique] car un livre non vendu est stocké et n’est pas toujours repris par l’éditeur ». D’où le choix de beaucoup de commerçants de travailler sur des petits stocks pour commander ultérieurement si besoin est. Outre l’inégalité de l’offre, les commerçants souffrent de la concurrence tarifaire. Car même avec les frais de port inhérents à la commande par internet, le prix d’un livre acheté sur le web reste en deçà des tarifs appliqués par une librairie locale. Le pouvoir d’achat des consommateurs conditionne alors fortement leur comportement.
Le coin lecture à l’école
Il est un sujet qui devrait être au centre des assises du livre, celui de l’éducation à la lecture, dès le plus jeune âge. Là encore les interventions sont nombreuses : « Les enfants ne connaissent pas les auteurs en Guyane », « Les bibliothèques à l’école primaire, ici elles n’existent quasiment pas, c’est pourtant le seul relai du livre pour les familles », « Dans l’académie de Guyane, une seule documentaliste est titulaire »…
Les sujets de préoccupation sont nombreux mais semblent avoir été sagement entendus au cours de la réunion de préparation des assises. Celles-ci s’annoncent riches en débats, avec comme épilogue, espérons le, un amour indéfectible insufflé aux guyanais pour le livre, ses coins cornés et le doux bruit des pages que l’on tourne.

3 commentaires:

  1. Bonsoir,

    Je découvre, avec beaucoup de surprise, voire de déception, cet article de presse, ne reflétant absolument pas mon ressenti en tant que libraire.


    Je suis donc particulièrement navré de n'avoir pu assister à cette réunion.

    Je dois reconnaître que les propos tenus lors de cette réunion sont particulièrement alarmistes et bien décourageants au regard du travail que mes équipes et moi-même venons de nous efforcer de réaliser.

    Je me permets de souligner que la librairie Lettres d'Amazonie vient de créer 12 emplois locaux cette année et a formé ce personnel, en interne, sans aucune aide.

    Je me permets, également, de mentionner que le libraire de manière générale comporte une dimension de "service public"consistant notamment à assurer la rentrée scolaire, à permettre un accès large à la lecture et donc à la culture et à se porter, pour cela, au service des collectivité publiques.

    Conscient de cette nécessité, ma librairie a ainsi créé un site internet d'achat en ligne, comportant une section spécialement dédiée à la clientèle professionnelle et offrant plus d'un million de références.

    Nous procédons également au développement de nombreux fonds, en auto-financement et avons ainsi le plaisir de proposer, en permanence en librairie, un stock de plus de 40 000 références, tous secteurs confondus et de voir ces stocks progresser chaque mois (Pochothèque, littérature générale et classique, albums et livres jeunesse, nouveautés grand format, fonds local, littérature étrangère, fonds anglais et espagnol, poésie, théâtre, scolaire etc ...).


    Je me permets, par ailleurs, de rappeler que la Guyane peut s'enorgueillir de compter deux librairies disposant du "Label LIR", contre une seule en Martinique et aucune en Guadeloupe.
    Ces labels constituent autant de reconnaissance de la qualité des librairies présentes sur la place.

    J'éprouve donc beaucoup de difficultés face aux doutes évoqués quant à la compétence de nos équipes de libraires en Guyane.

    En conclusion, il ne me semble absolument pas que la situation du secteur du Livre en Guyane soit sinistrée, bien au contraire.

    Si certaines librairies-papéteries-jouets ont pu disparaître, il conviendrait d'en analyser les véritables raisons.


    Je profite de ce courrier pour remercier, publiquement, la DRAC, le CNL ainsi que tous nos partenaires financiers, qui continuent de nous faire pleinement confiance.



    Je me permets, enfin, de vous inviter, avec beaucoup de plaisir à franchir le seuil de notre porte et suis convaincu que cela vous permettrait de porter un regard rénové sur le secteur du livre en Guyane.

    Bien à vous


    FREDERIC DUMAS

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  2. Bonsoir, Mr Dumas

    Je suis libraire, moi aussi une toute jeune librairie en Guyane. J'étais présentes à cette réunion à laquelle j'ai assisté avec grand intérêt. Voyez-vous mon père a était libraire sur Kourou pendant des années.
    La librairie Monnerville qui clos ses portes cette année pour cause de départ à la retraite. Mais juste pour vous dire que je suis entièrement d'accord avec vous. Le marché du livre en Guyane se porte bien il existe et demeurera. Et toutefois même si nous pouvons considérer qu'aujourd'hui nous sommes concurrents, je reste admirative devant votre travail et le développement de cette adorable case à bulle.
    Et je pense également que les différentes raisons pour lesquelles ferment certaines librairies du département n'ont rien à voir avec éventuel déclin d’intérêt du public Guyanais pour la lecture.

    La preuve en est que les chiffres des ventes de livres en 2010 en Guyane étaient en hausse par rapport à 2009 et ainsi de suite. Une croissance constante qui permet aujourd'hui à Guyalire de voir le jour.

    Bien cordialement
    PRODEL ELODIE

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