mercredi 2 octobre 2013


La plume guyanaise vient d'attribuer le
PRIX DU MARRONNAGE 2013 A JEAN MOOMOU ET RONALD SELBONNE

Le jury, présidé cette année par Gérard Police (Prix du Marronnage 2010 pour €udorado - Ibis Rouge), s’est réuni le samedi 21 septembre 2013 en la salle Toucan du restaurant Le Cric Crac à Rémire-Montjoly
Après délibération, le jury a décidé d’attibuer le Prix du Marronnage 2013…
Ex æquo
Jean Moomou
pour
Les Marrons Boni de Guyane
Luttes et survie en logique coloniale (1712-1880)

Ronald Selbonne
pour
Albert Béville alias Paul Niger
Une négritude géométrique (Guadeloupe-France-Afrique

 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
  « La parole tournait et il était impossible de les départager. Car les deux sont excellents.
Très différents en apparence mais de plus en plus proches au fur et à mesure que s’affinent et s’approfondissent les regards et les pesages.C’est bien pourquoi il n’est surtout pas possible de les présenter sur le mode du duel : il n’y a pas « à ma droite », « à ma gauche ». Jean Moomou avec Les marrons Boni de Guyane – Luttes et survie en logique coloniale (1712-1880), et Ronald Selbonne avec Albert Béville alias Paul Niger – Une négritude géométrique (Guadeloupe- France-Afrique) sont allés, chacun à sa façon, grossir les rangs des Marrons de tout temps et tout lieu.
Et c’est en cela, au-delà des qualités de chaque ouvrage, que le choix ne peut se faire. Car ils disent tous deux pourquoi et comment, en monde dit américain, on résiste, se rebelle et combat. Contre cette espèce d’hydre qui y a fiché son premier pseudopode il y a cinq siècles et qui n’a pas cessé depuis de le reconditionner violemment à sa guise et façon.
L’un, Jean Moomou, entreprend avec opiniâtreté et absolue légitimité de restituer la parole d’obstinés aïeux marronnant au fil des générations, entre Surinam et Guyane, entre sang et refondation.
L’autre, Ronald Selbonne, récupère l’héritage délaissé d’un dédoublé militant-écrivain entre Antilles, Guyane, France, quand les maltraités de la néo-colonisation se mettent à tonitruer contre la déglutition francoïde.
Il y a la mort et les résurrections vivaces, depuis les forêts, savanes et fleuves des presque marges amazoniennes, et un texte actuel avec son suintement poliment atténué des irréductibilités entre ceux qui disent non et tournent le dos, et ceux qui bavassent leur oui maître.
Il y a un morne guadeloupéen où s’écrase un Boeing, et où se dilacèrent conjointement
deux empêcheurs de chicote en rond aux Antilles et en Guyane, mais dont la voix est sauvegardée et restituée aujourd’hui pour asséner non monsieur à qui prétend prospérer grassement sur des ossements.

Marronner ne devrait pas se conjuguer en chapelles et partages ; deux discours concomitants derrière leur surface ne peuvent pas être disjoints ».

Gérard POLICE,

Président du Jury 2013