mardi 12 octobre 2010

Dire le pays en poésie : à vos plumes

photo T.L.
« Cayenne » est un poème d'Élie Stephenson publié pour la première fois dans son recueil, Catacombes de soleil (Paris: Éditions Caribéennes, 1979, pages 41-42).

Cayenne
un nom machinal étendu entre mes lèvres
harassées de secousses exfoliées
un rappel de cris encerclés par une mutilation
de membres annexes
où s'exhibe ma solitude décharnée
Cayenne
une violence de prunelles désorientées
un clapotis de pieds tawa
dans les rios tapis
de sang
quand nos révoltes s'éveillent en
de beaux rêves réparateurs
ma solitude est un cauchemar
crier au suicide ?
crier au crime ?
à la mainmise ?
à l'assimilation ?
crier ?

Cayenne
un acharnement de coléoptères autour
des plantations ventre-creux et des
poissons maigres de nos gencives
une exaltation de poivre surchauffée
sur
des blessures attentives au bruit
au mouvement
aux couleurs à toute révolte à toute secousse
viendrez-vous, vous mirer autour de ces étangs
viendrez-vous y boire
et périr de notre Foi ?
Je ne sais pourquoi le ciel a la gueule écrabouillée
je ne sais pourquoi les oiseaux sont aphones et revanchards
je ne sais pourquoi les déserts ont pénétré les pinotières
ni pourquoi les chiens palabrent et pourquoi
les pucerons ont pris la direction des affaires

mais je vis à Cayenne

et je vais en mourir


(16 mai 1975)



Promolivres vous invite à publier vos poèmes et textes ci-dessous.

4 commentaires:

  1. Déchet-land

    Dans les eaux de la Terre filent des tortues
    Bien plus vieilles que nous.
    Elles aiment beaucoup les méduses
    Et ne souffrent d’aucun ennui.

    Mais leur vie est parfois tragique :
    A peine nées, à peine âgées de quelques années
    Que les voilà mourantes
    A cause d’un reluisant sachet plastique blanc,
    Qu’elles ont pris pour un plat alléchant.

    C’est le destin sordide d’une tortue marine,
    Soumis à l’irrespect de ces humains qui jettent sans penser,
    Jusqu’à en détruire la biodiversité,
    Jusqu’à en renier leur humanité.

    Eudoxie JANTET
    Poème tiré de l'ouvrage "Eco-mots pour la planète Terre" (Editions Publibook 2009)

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  2. DANSE MA VILLE

    Je pose mes pas dans ta ville.
    Mon ombre pénètre tes murs de silence,
    Je respire ta tristesse
    M’imprègne de ta mélancolie.
    Dans cet antre obsolescent
    Une odeur de bois pays
    Me colle à la peau,
    Je transpire au rythme de ton atonie
    J’écoute chanter l’air dans cet espace infini.

    Chante chante chante ta ville
    Aux sons des flûtes et des pipeaux
    Chante chante chante ta ville
    Aux sons des rythmes tropicaux
    Chante
    chante

    Derrière tes volets clos
    Le passé m’envahit,
    De ton bois vermoulu s’échappe une plainte
    qui pénètre mes chairs.
    Raconte-moi l’histoire de ta ville endormie
    De cette case sans vie
    Laissée dans l’oublie .
    laisse moi glisser mes pas
    dans tes rêves solitaires,
    Emporte-moi sur des notes de cantilène ( mélodie douce et mélancolique)
    Dans un incessant ballet de notes musiciennes.

    Dans danse danse ta ville
    Aux sons des flûtes et des pipeaux
    Danse danse danse ta ville
    Aux sons des rythmes tropicaux
    Danse danse
    Danse danse

    J’ai refermé la porte de tes souvenirs,
    Enfermé ton histoire sous l’écorce de ma peau.
    Au soleil qui s’endort sur ta ville
    J’irai chanter le parfum des mots
    Prisonnier …. comme en exil
    J’irai danser sous un ciel de pluie
    Exhumant de cette terre promise
    Les lambeaux de l’oublie.

    Chante chante chante ta ville
    Danse danse danse ma ville


    Annyck Watelle

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  3. DANS L’OMBRE DE CAYENNE

    Guyane étrange pays,
    Ou la misère n’est pas une putain
    Ni une crève la faim,
    Mais une gageure.
    Pour ces êtres rêvant d’ailleurs
    Ces enfants de nulle part,
    Ils sont l’habitation
    Aux racines invisibles
    Sentiments invincibles.
    Happés par leur solitude,
    Ils se fondent dans la nuit
    Sans lune,
    Ombres furtives
    Sur l’asphalte, captives.
    Traînant dans leur sillage
    Ces grands chiens jaunes
    Aux masques d’hébétudes,
    Cachant sous une robe loquetées
    Un corps efflanqué
    Donnant à leur balancé
    Des allures de pantomimes.
    Les ténèbres de la nuit
    Sont leur sanctuaire de quiétude,
    Tapis comme en embuscade
    Leur destin en sursis .
    Dans leur déliquescence
    Ils ont acquis la liberté malheureuse
    avec des rêves de chimères.
    Sur des chemins imaginaires
    Aux territoires éphémères,
    Ils s’accrochent au monde des vivants,
    A ces rires d’enfants,
    A une main tendue
    Ou brille le triste écu
    D’une réalité déchue.


    AW/AVRIL 2005

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  4. Je suis étudiante et le Salon du livre de l'an dernier ne m'a pas laissé indifférente. C'est un évènement qui a toute son importance et qui est nécessaire pour nous permettre d'échanger au niveau régionale et inter-régionale si vous me permettez l'expression. Bon courage et chapeau à Promolivres pour ce moment inoubliable durant lequel j'ai vu des scolaires s'émerveiller et des livres de toutes les horizons.
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