lundi 18 janvier 2010

Edwice Danticat, lauréate du Prix Carbet des lycéens

C’est donc « Adieu mon frère » de la romancière haïtienne Edwige Danticat (Grasset) qui reçoit le Prix Carbet des lycéens décerné ce lundi 18 janvier à Petit Bourg en Guadeloupe.


Auteure de 8 romans depuis 1994, dont le premier Breath, Eyes, Memory (Le cri de l’oiseau rouge, en français), Edwige Danticat vit aux Etats-Unis écrit en anglais mais également en créole, français et espagnol.
Ses thèmes de prédilection sont l’isolation, la résistance humaine et culturelle en regard de l’histoire complexe d’Haiti et de la vie d’immigrant.
Adieu mon frère
Edwidge Danticat n’a que quatre ans, en 1973, quand ses parents quittent Haïti pour des jours meilleurs en Amérique. Elle est alors élevée par son oncle Joseph, ancien pasteur que la maladie a rendu muet mais qui n’a rien perdu de son extraordinaire charisme. La vie en Haïti, pour Edwidge et ses nombreux frères, sœurs et cousins, est un mélange ambigu de bonheurs simples et de douleurs parfois difficiles à comprendre pour des enfants. Lorsque Edwidge retrouve enfin ses parents à New York, ceux-ci lui paraissent étrangers, et elle doit réapprendre à les connaître, tandis que de là-bas, en Haïti, leur parviennent les échos d’une situation politique de plus en plus inquiétante à mesure que le pays sombre aux mains des « tontons macoutes ». Faire venir à son tour l’oncle Joseph aux Etats-Unis devient bientôt l’une des préoccupations majeures de la famille. Il n’arrivera à Miami qu’en 2004, à l’âge de 81 ans – mais son salut sera de courte durée. Confronté à la folie des service de l’immigration américaine, dans l’après 11-Septembre, il mourra de mauvais traitements, privé de tout médicament. Sous la plume d’Edwidge Danticat, la petite et la grande histoire se rejoignent, les larmes et les joies se mêlent, les morts renaissent dans le souvenir des vivants. Mémoire autobiographique, ce livre poignant est aussi une réflexion sur les liens du sang et la violence avec laquelle l’histoire peut parfois les défaire ; c’est le portrait de quelques hommes et femmes qui s’acharnèrent à offrir aux leurs un avenir meilleur, et d’une tribu d’enfants ballottés entre un père et un oncle, de continent en continent, d’une vie à l’autre. C’est enfin, par la grâce d’une prose précise et pudique, la preuve qu’il n’est de vraie patrie, pour l’écrivain, que la littérature.

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