L'anthropologue américain et le capitaine saramaka
par Eudoxie JANTET
France-Guyane 13.12.2010
Les anthropologues américains Richard et Sally Price viennent de publier Voyages avec Tooy. Dans ce livre grand public, qu'ils ont présenté lors de plusieurs conférences, ils évoquent leur rencontre avec le capitaine saramaka de Cayenne Tooy.
C'est dans un français teinté d'un fort accent anglais que Richard Price, un anthropologue américain spécialiste des sociétés afro-américaines depuis plus de trente ans, plonge d'emblée l'assistance dans l'histoire et la culture des Saramaka. Son objectif, ce soir-là, est de faire découvrir son dernier livre à la quarantaine de personnes assises dans l'auditorium de l'IUFM
de Cayenne.
Les prémices de cet ouvrage commencent en Martinique, là où Richard Price et son épouse Sally sont installés depuis de nombreuses années. Un homme d'affaires vient à la rencontre de
Richard. Il souhaite qu'il lui trouve un spécialiste saramaka capable de « guérir » son entreprise de pratiques vaudous proférées à son encontre. L'anthropologue se prend au jeu et appelle ses relations en Guyane. Le 7 avril 2000, Tooy Alexander, capitaine saramaka à Cayenne, s'apprête à atterrir en Martinique.
Entre Tooy et Richard, le courant passe. C'est pourquoi « ce livre raconte la grande amitié entre deux vieillards qui s'aiment » , avoue Richard Price, un sourire aux lèvres. Mais Voyages avec Tooy est beaucoup plus profond et tente de répondre à des questions quasi existentielles : comment, dans chaque colonie du Nouveau Monde, des Africains asservis sont devenus des Afro-Américains ? Quelles ont été les conséquences de ce processus de créolisation sur le plan culturel ? Le tout à la lumière de l'incroyable savoir du capitaine Tooy, dont l'imaginaire, les pensées et les espoirs sont enracinés dans la longue tradition des émigrés surinamais en Guyane.
Très bien accueilli par la critique universitaire, cet ouvrage entend toucher un public plus large.
« Trois sortes de lecteurs » , aux dires de Richard Price : les historiens, anthropologues et
autres afro-américanistes chevronnés bien sûr, mais également tout lecteur curieux de
découvrir une autre culture, et les Saramaka eux-mêmes.
découvrir une autre culture, et les Saramaka eux-mêmes.
Le capitaine Tooy, présent dans la salle ce vendredi, conclura dans sa langue que voir son
visage exposé en divers endroits lui « a fait bizarre » . Quant au pauvre homme martiniquais
victime du vaudou, nous ne saurons pas ce soir-là si Tooy a réussi à le tirer d'affaire...
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