vendredi 9 septembre 2016

Pour tout l'or du Brésil de Jean-Paul Delfino


POUR TOUT L’OR DU BRESIL

Le roman se déroule eu 1er novembre 1755 à 1800 (à peu près) sous le règne de Dom Jose 1er.

Ce premier novembre survient un tremblement de terre historique qui va ravager, détruire complètement la capitale du Portugal.

P 14 : «Soudain, une déflagration telle qu’il n’en avait jamais connu jusqu’alors sembla vouloir déchirer la ville de part en part. Sous ses pieds, il sentit la terre
gronder, gargouiller de façon lugubre, vibrer et se tordre avec douleur dans tous les sens à la fois. Aussitôt, la peur devint panique et des milliers de Lisboètes se mirent à leur tour à courir, la bouche distordue par l’angoisse, hurlant des prières, se bousculant dans une cohue formidable. »

P 15 : «Parvenu sur le port, hagard, secoué par des convulsions nerveuses qu’il ne parvenait pas à maîtriser, Dom Evaristo da Fonseca se retourna lentement et s’approcha des quais en titubant. A cet instant, il crut bien perdre le peu de raison qui lui restait. Bouche bée, silencieux, il découvrit le Tage privé de son eau.
Pourquoi Dieu avait-il permis que cette tragédie se déroule justement à la Toussaint, le jour sacré où l’on célébrait tous les saints ?
En guise de réponse, Dom Evaristo da Fonseca n’entendit que le fracas d’une armée en marche qui se dirigeait vers lui à la vitesse d’un cheval au galop. Répliquant au tremblement de terre, une vague déferlante, haute de près de dix mètres, montait du large et s’écrasa sur le port et le centre-ville, dévastant tout sur son passage… »

Le premier ministre du roi, Dom Sebastiao de Melo confie au fils de Dom Evaristo da Fonseca, Dom Cristiano da Fonseca la tâche de participer à la reconstruction de Lisbonne. Après ce travail, à l’âge de 45 ans, il devient superintendant des mines du Brésil.

Au même moment, Zumbi, fils d’esclave, quitte Rio de Janeiro pour se rendre dans le Minas Gerais, dans le but de faire fortune en cherchant de l’or et du diamant à Ouro Preto.

Le destin de ces deux personnes va se croiser et l’un provoque le malheur de l’autre.

Zumbi est celui qui va créer la confrérie Bom Fim à Rio. Il devient sinon riche, au moins aisé et perd tout à cause de Dom Cristiano.

Ce dernier perdra la vie de façon dramatique, donnant l’impression au lecteur qu’il paie pour ses mauvaises actions envers Zumbi.

Le roman décrit l’aspiration à l’indépendance du Minas Geraïs, les conspirations indépendantistes, les confréries de Nègres libres.

C’est pendant la période que décrit ce roman, en 1763, que Rio devient la capitale à la place de Bahia, ce qui provoque l’arrivée de fonctionnaires venus du Portugal et l’augmentation du niveau de vie.

On rencontre dans ce roman Tiradentes, le sculpteur estropié.

Zumbi fils d’esclave, épouse Laurinda. Ils auront 5 filles, une seule, Josefina, va survivre à leurs malheurs et elle deviendra Mère des saints. C’est son histoire que raconte l’ouvrage qui suit « Pour l’amour de Rio ».

But du roman :

Cette saga romanesque historique nous fait découvrir les premiers temps de la colonisation du Brésil riche en minerais précieux (or, diamant).

La soif de ces richesses de la part du Portugal y est décrite et permet de comprendre comment il s’organise pour les capter et comment certains Brésiliens réagissent.

                                                                                                                         Claudine Jantet



Zumbi de Jean-Paul Delfino



ZUMBI

Le roman se déroule du printemps (mars, avril ?) 1685 à mars 1696.

Semba, jeune africain de 16 ans, vit en Angola. Un jour son village est attaqué et des habitants sont emmenés pour être réduits en esclavage. Les autres, jugés inaptes, sont sauvagement exécutés.

P 15 « Quand les chèvres et les poules furent capturées, l’homme au bâton de bois et de fer, accompagné par deux métis à la peau étonnamment blanche sous le soleil d’Afrique, s’approcha à pas lents des femmes gémissantes. Froidement, il les examina une à une, des pieds à la tête, faisant sortir du groupe celles qui lui paraissaient trop vieilles ou trop faibles. De la pointe de son épée, il en fit de même avec les hommes et, lorsqu’il leur tourna le dos, les deux métis aboyèrent un ordre bref. A cet instant, les pillards se ruèrent de nouveau en hurlant sur les pièces que leur chef avait dédaignées et, à grands coups de couteaux, de sagaies, de sabres et de massues, ils les réduisirent en une bouillie de sang et d’os. »

Arrivé à Rio, Semba devient esclave mais n’a qu’une idée en tête : recouvrer sa liberté. Après bien des péripéties, il rejoindra la forêt de la Barriga (dans le Pernambuco) où des milliers d’esclaves en fuite vivent avec pour chef Zumbi. L’armée ne réussit pas à les déloger et à reprendre les esclaves.

P 350 « - Comment toute une troupe peut-elle se faire battre, et à plate couture encore, par quelques Noirs sans cervelle qui se sont cachés dans la forêt ?
..
  • Votre Excellence, les quilombolas, depuis qu’ils ont pour chef ce chien qui se fait appeler Zumbi, osent tout.
.
  • Les quilombolas font pas que nous résister, Votre Excellence. Maintenant, ils ont plus peur de sortir de la forêt de la Barriga.
.
  • Les seigneurs des moulins se plaignent car, depuis quelque temps, ils descendent de la Barriga et vont dans les propriétés pour faire des razzias. Ils volent, ils pillent tout ce qu’ils peuvent, ils assassinent tout ce qui leur résiste. En partant, ils prennent avec eux tous les esclaves, mais aussi toutes les femmes. Même les Blanches…
.
  • Il faut tuer ce Zumbi, vous m’entendez ? Je veux le voir là, raide mort ! Ou mieux, je veux voir sa tête tranchée, ici, sur mon bureau ! Vous m’avez bien compris ?

Le gouverneur fera soutenir son armée par une bande menée par un bandit réputé pour sa férocité et sa cruauté.

Zumbi et ses quilombolas sortiront-ils vainqueurs de ce futur affrontement ?

Semba qui est devenu le lieutenant en second de Zumbi retrouvera-t-il un jour Rio ?


But du roman :

Il est intéressant de comprendre le basculement que connaissent ces hommes et ces femmes arrachés à leur Afrique natale, à leur liberté, à leur famille, à leur village lorsque d’un coup ils deviennent des prisonniers.

On voit l’évolution de leur situation lorsqu’ils sont déversés sur cette terre d’Amérique du Sud, le Brésil où ils sont alors des esclaves qui ont tout perdu, en premier lieu la qualité d’être humain. Ils sont vendus, maltraités, considérés pire que des animaux.

Et pourtant on sent encore chez certains l’espoir qui reste l’apanage de tout humain.

                                                                                                                      Claudine Jantet

Chronologie de la fresque brésilienne de Jean-Paul Delfino


ZUMBI

Printemps 1685
A
Mars 1696

POUR TOUT L’OR DU BRESIL

1er Novembre 1755
Au
1790 (environ)

POUR L’AMOUR DE RIO

1807
A
1821

BRASIL

1821
A
Avril 1831

SAUDADE


Fin du 19è siècle

12, RUE CARIOCA

1906
A
1924

CORCOVADO

Décembre 1920
A
Octobre 1931

DANS L’OMBRE DU CONDOR

Mai 1958
A
Décembre 1970

SAMBA TRISTE

1972
A
1985


Les personnages


Lignée de SEMBA l’Africain


Lignée d’une esclave africaine et d’un fazendeiro

Semba + Damiana
(esclave africain,
preto novo)


Zumbi + Laurinda


Dona Josefina
(seule survivante des 5 filles)


Madalena + Chico Zumbi
(fille de sang) (fils adoptif)


Marina Zumbi


Isaura


Josefina


Bartholomeu Zumbi + Elis
(mère des saints)


Lucina


Jorge + Flora


Filomena (engrossée par le fazendeiro qui est son père part pour Rio puis pour Marseille accompagnée de son arrière-petite-fille Andrea)



Eliete



Rosalinda



Andrea



Jean Dimare (qui deviendra Joao Domar après son immigration au Brésil)



Paulinho

Bartholomeu Zumbi et ami de Joao Domar.

Lucina et Paulinho sont amis d’enfance.





Humain
Spirituel/Religieux





Afrique

Europe

Amérique du Sud : Brésil

Esclaves
Immigrés
Econo- Politi-
miques ques
Candomblé
Colonisation catholique

mercredi 7 septembre 2016

JEAN-PAUL DELFINO, auteur d’une fresque brésilienne de 1685 à 1985
Par Claudine Jantet

Né en 1964, journaliste, romancier et scénariste, Jean-Paul Delfino vit à Aix-en-Provence. Il a écrit de nombreux ouvrages dont une Suite brésilienne. Une fresque qui débute en 2005 avec Corcovado, suivi en 2006 par Dans l’ombre du Condor et en 2007 par Samba triste. Ces trois ouvrages couvrent une période allant de 1920 à 1985.
Ne souhaitant pas écrire sur la période postérieure à cette date, l’auteur a donc repris l’histoire du Brésil au moment où des Africains étaient capturés, réduits à l’état d’esclaves et amenés dans la Caraïbe et en Amérique du Sud.
D’autres romans suivront en 2009 Zumbi, en 2010 Pour tout l’or du Brésil, en 2012 Pour l’amour de Rio, en 2013 Brasil, en 2014 Saudade et en 2015 12, Rue Carioca.
La lecture de cette suite de ces neuf ouvrages, si vous souhaitez suivre la chronologie, devrait donc se faire ainsi : de Zumbi, à 12, Rue Carioca suivi de Corcovado à Samba triste.

La période durant laquelle se situe chaque ouvrage est parfois très précise, au jour près. On peut repérer trois fils conducteurs qui forment comme une tresse, donc une corde solide qui soutient les neuf romans.

En premier lieu, le lien entre trois continents, lien qui se décline sur deux plans, humain et spirituel.

Ensuite l’aspect magique : candomblé, Febronio l’Indien. Ce « personnage » constitue une apparition dès le premier roman. Il est là pour venir en aide et s’il semble traverser les générations comme un esprit, un fantôme, il va à un moment de la saga, venir en aide et sauver physiquement un personnage de la mort.
« S’il avait levé les yeux vers le ciel, peut-être aurait-il pu distinguer, sur le toit d’un bâtiment exhalant les vapeurs fades du sucre façonné en pains coniques, la silhouette d’un homme qui l’observait. Assis en tailleur, le torse nu, immobile, les cheveux longs et raides s’étalant en cape sur ses épaules cuivrées, il ne le quittait pas des yeux. Les nuits de saouleries, seuls les vieux marins désespérés, les mères-de-saint et les femmes sanglotant sur un chagrin d’amour pouvaient le voir et, dans tout Rio de Janeiro, on le nommait avec un mélange d’affection et de profond respect, l’Indien 
Febronio. » (in 12 rue Carioca)
Dans Corcovado : dès son arrivée au port de Rio, Jean Dimare voit Febronio lui apparaître. Plus tard, lors d’un grave accident il sera recueilli et soigné par cet Indien.

S’agit-il d’un esprit ou d’une pratique magique transmise de père en fils qui donne l’impression d’un seul et même individu tout au long des romans ?

Enfin la nostalgie : Saudade.

Cet état d’esprit, intraduisible en français, évoque une certaine nostalgie, tristesse que l’on retrouve chez certains personnages lors de situations difficiles, lors de grands changements dans leur vie.

Afficher l'image d'origine « Là, le front barré de deux larges rides d’inquiétude, les yeux posés sur les plages festonnées par la houle, elle devenait subitement silencieuse et s’abîmait dans une saudade infinie dont elle paraissait incapable de s’extraire. » (in Brasil)